Un peu plus de 10 ans après le Sommet de Montréal, François Cardinal, éditorialiste à La Presse, a invité 80 personnalités publiques québécoises à se prononcer sur notre ville dans le collectif Rêver Montréal – 101 idées pour relancer la Métropole. Ce livre, publié avant l’élection municipale de 2013, pourrait facilement être transformé en plateforme politique. Tout y est traité, du leadership à la bouffe et de l’environnement à la gouvernance, les 80 auteurs de ces courts textes abordent pas moins de 24 thèmes! Une plateforme Montréalaise, mais aussi Québécoise, puisque plusieurs textes abordent des aspects de l’avenir de Montréal qui relèvent des pouvoir de l’Assemblée nationale.

Tout de suite après le premier thème (le leadership), vient celui de la fierté. 5 textes tellement emballants! Mais suivi du thème le plus inquiétant du livre, la gouvernance, sous-titré « briser la tutelle implicite »… C’est là qu’on explique comment l’avenir de Montréal, c’est aussi à Québec qu’il se joue.

Cet ouvrage est essentiel pour rêver les prochaines années et pour rendre certaines de ces 101 idées possibles. À la lecture du texte de Jean Coutu (#92) on se met à rêver, à notre tour, que ce livre soit le geste fondateur de quelque chose de plus grand. En ami de Montréal, il témoigne éloquemment des forces de notre ville. Son texte, écrit comme un briefing de réunion, invite à la mobilisation. Il faut dire qu’après avoir lu les 91 premiers textes, l’idée d’un mouvement émerge spontanément.

Il y a tant de gens qui y témoignent de leur amour pour Montréal! Mc Gilles (#28) livre un des textes les plus touchants du collectif, tandis que Phoebe Greenberg, un des plaidoyés les plus forts. « Montréal est une des villes les plus vivantes de la planète… (elle) n’a rien à envier aux grandes capitales du monde » affirme cette mécène globe trotter. Et elle ne fait pas que l’écrire, elle le réalise avec son centre d’art, payé à même ses propres fonds : le Centre Phi.

Ainsi, ce sont des centaines de réalisations montréalaises qui sont rappelées dans ce livre, et bien que le sous-titre parle de 101 idées, il en contient tellement plus. Des plus grosses aux plus simples, rappelant souvent le concept d’acupuncture urbaine sur lequel j’ai déjà écrit ici. Une autre qualité de ce livre est d’affirmer clairement un parti pris pour notre ville, comme lorsque Josh Freed (#80) écrit « J’ai toujours vu Montréal comme une ville qui fonctionne bien en pratique, même si ce n’est pas toujours le cas en théorie ». Ou lorsque George-Hébert Germain (#71) pointe les gérants d’estrades en rappelant « On laisse entendre, en se rengorgeant, qu’on est de grands connaisseurs en urbanisme et qu’on a voyagé à tous les bouts du monde; alors qu’en réalité, on est obnubilé par ce qu’on ne connaît pas vraiment, qu’on a bien souvent jamais vu. »

Quelques idées originales tirées du livre

  • Que le maire de Montréal prenne le métro au moins une fois par semaine, comme le fait le maire de New York;
  • Qu’on arrête de se cacher de l’hiver et qu’on développe le caractère nordique de notre ville (comme dans Apprivoiser l’hiver écrit ici);
  • Qu’on se dote d’un pont Champlain majestueux;
  • Que l’industrie du taxi se mette au vert, au sens propre comme au figuré;
  • Qu’on organise, autour de l’Homme de Calder, une exposition internationale de sculptures géantes;
  • Qu’on fasse découvrir aux Montréalais les quartiers de leur ville (comme le fait le blogue MesQuartiers);
  • Qu’on se dote d’un ambassadeur à Québec;
  • Qu’on mette en place des promenades montréalaises et métropolitaines;
  • Que soit valorisé l’architecture audacieuse (comme dans Oser l’architecture écrit ici);
  • Que l’on montre, par notre mobilier urbain, notre image de marque;
  • Qu’on redéveloppe les ruelles comme un milieu de vie collectif (comme dans Enfant de la ruelle écrit ici);
  • Qu’on développe une appellation d’origine contrôlée pour les produits alimentaires qui poussent ou sont transformés dans la région, comme le miel;
  • Qu’on développe des espaces verts autour de la montagne, pour qu’elle descende en ville;
  • Qu’on fasse du Parc Jean-Drapeau un joyau de la métropole;
  • Qu’on construise une passerelle pour piétons et cyclistes entre le Vieux-Port et les îles (300 mètres à peine);
  • Que Montréal deviennent la capitale de la traduction, des interprètes, qu’elle soit une « ville de Babel »;
  • Que les Montréalais arrêtent de focusser sur le nid-de-poule et qu’ils reconnaissent tout ce qui fait de Montréal une ville où il fait bon vivre!

Comme le dit si bien Marie Grégoire (#89), « J’ai envie de rêver Montréal à travers les yeux des milliers de touristes qui l’ont visités cette année, à travers les yeux de celles et ceux qui l’ont classée au sommet de plus de 30 palmarès internationaux…  Aujourd’hui le monde a déjà les yeux rivés sur Montréal, imaginez ce que ce serait si tout le monde poussait dans le même sens! ».

En conclusion

Imaginez une ville sise sur un archipel de centaines d’îles, baigné par l’un des grands fleuves du monde, entouré d’un chapelet de montagnes dont l’une s’élève en plein centre-ville. Imaginez les forêts les plus riches en biodiversité, les terres les plus fertiles et de nombreuses rivières, ruisseau, marais et tourbières. Imaginez maintenant que ce lieu magnifique, c’est chez-vous.

Karel Mayrand (#61)

Rêver Montréal

Un grand livre, donc, qu’il faut lire!

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