En 2023, j’aimerais qu’on se donne comme résolution de valoriser les personnes qui choisissent un mode de vie sans voiture. Valoriser ce qui est positif dans ce mode de vie, simplement pour faire contrepoids à l’omniprésence de la culture automobile. Je suis convaincu qu’il y aurait plus de gens qui ne demanderaient pas leur permis si, collectivement, nous ne dénigrions pas ce choix.
Les « ben voyons, comment tu fais? » ou les « ça doit te limiter dans tes choix de sorties » ne seront jamais des réactions positives au choix de celles et de ceux qui n’ont pas de voiture ou pas de permis de conduire. Il faudrait repenser ces premières réactions pour qu’elles témoignent plutôt d’une curiosité de comprendre, d’un soutien à ce changement de culture.
Il y a bien eu la campagne En ville sans ma voiture, un mouvement du début des années 2000… Abandonnée pour faire place à la semaine Défi sans auto solo! Un glissement des valeurs d’origine qui nous a fait perdre ce rendez-vous, qui permettait pourtant de remettre de l’avant chaque année le mode de vie sans voiture.
À l’heure des changements climatiques et de la crise des transports collectifs, il serait peut-être temps de rebâtir sur les valeurs de ce mouvement oublié. Car il faudra plus de gens qui choisissent les transports collectifs et actifs si on veut pouvoir faire face aux défis de notre siècle. Je suis de ceux là et je vis sans permis de conduire depuis toujours.
Alors, comment valoriser les personnes qui trouvent des avantages à vivre sans voiture? C’est la question que j’avais le goût de me poser dans ce premier texte de l’année sur mon blogue. Il va sans dire que mon texte s’adresse à celles et ceux qui vivent dans une ville offrant un service de transport en commun fréquent et sécuritaire! Cet avertissement fait, passons aux 8 valeurs qui m’animent dans mon choix de vivre sans permis de conduire.
La liberté
J’aime pouvoir aller où je veux, suivre mon instinct et savoir que de n’importe où, je pourrai revenir chez moi, simplement en m’informant des trajets possibles sur mon téléphone! Taxi, métro ou autobus, j’ai l’embarras du choix. Ça nécessite un peu d’organisation, mais on a aujourd’hui tous les outils pour se retrouver facilement. Fini l’obligation de revenir à son point de départ, où la voiture a été laissée.
On a plutôt le loisir de se faire reconduire, libérés du stress et de la responsabilité qui viennent quand on tient un volant. Mais si le goût nous prend d’en tenir un de nouveau, le vélo et le Bixi peuvent faire l’affaire, nous offrant une grande flexibilité sur le choix du trajet. Rues, pistes cyclables ou ruelles, c’est selon nos envies.
Le partage
Parler à la personne qui nous accompagne, en ayant toute son attention, est l’un des plus grands luxes qu’offrent les transports en commun. Le temps d’attente et le trajet paraissent si court lorsqu’on peut rêver, débattre ou réinventer le monde avec quelqu’un!
On croise aussi parfois des amis ou des connaissances qu’on n’a pas vus depuis longtemps. Ces moments sont précieux puisqu’ils nous remettent en contact, nous permettent de renouer, au hasard de la vie. Même sans ça, être en contact avec toutes sortes de monde nous ouvre à d’autres histoires, à d’autres vécus, à de nouvelles réflexions. Parce que vivre en ville, c’est aussi vivre en très grosse communauté. Et c’est enrichissant, même si parfois c’est confrontant.
La productivité
Sur les longs trajets, on peut facilement faire des choses productives lorsqu’on se déplace en transport en commun. Lire, organiser sa journée, regarder des vidéos, écouter des podcasts ou prendre des rendez-vous, comme si on était déjà au bureau ou à la maison.
On économise aussi tout le temps nécessaire au stationnement, à faire le plein, à aller au garage, etc. Mis bout à bout, ça représente aussi un gain en productivité non négligeable dans une année.
La santé
Même pas besoin d’y penser pour bouger, notre mode de transport est soit actif, soit il nécessite un déplacement pour le rejoindre. Alors plus besoin de compter nos pas dans une journée, on en fait obligatoirement. Personnellement, j’ai ajouté les escaliers à ma routine, pour augmenter les bénéfices de mes trajets. C’est gratuit en plus…
L’économie
Sans voiture, on économise jusqu’à 11 000$ par année. C’est beaucoup d’argent, qu’on peut investir ailleurs. Dans notre retraite, dans nos projets, dans nos petits luxes, où on veut! Sur une décennie, ça finit par paraître dans le budget… Sur 30 ans, c’est potentiellement plus de 330 000$!
Mais il y a plus… Puisqu’on peut transporter moins de choses, on y pense avant d’acheter… Pour les achats impulsifs entre autres, c’est un bon antidote.
C’est aussi bon pour l’économie locale. Se déplacer à pied ou en vélo nous permet de mieux connaître nos quartiers, favorisant l’achat local et de proximité. C’est toute la collectivité qui y gagne.
Le temps
Sans voiture, on voit mieux la ville et ses habitants. Encore plus lorsqu’on la traverse au rythme de nos jambes. Notre esprit peut vagabonder, nos sens être activés, on a le temps de prendre notre temps! J’adore regarder par la fenêtre de l’autobus ou du métro, relaxer, me divertir ou somnoler. J’aime aussi l’idée de couper la journée, de me donner un temps de transition entre ma vie privée et le travail, par exemple. Il n’en tient qu’à nous de profiter de ce temps, un bien si précieux!
Le plaisir
J’aime profiter d’un véhicule avec conducteur, disponible et confortable, sans me préoccuper de rien. J’aime encore plus ça lorsque je prends un verre à la santé du monde, sans devoir faire un alcootest avant de revenir à la maison. Le métro me donne aussi accès à des œuvres d’art publiques, parfois à des musiciens, qui égayent mes transports. Je peux y être dans ma bulle, écouteurs sur les oreilles, ou en exploration, en découvrant de nouveaux chemins pour me déplacer vers mes destinations fréquentes…
L’environnement
Évidemment, c’est aussi une valeur importante dans le mode de vie sans permis de conduire! Mais réduire notre pollution ne peut pas être la seule. Personne ne veut se priver pour faire face aux défis de notre siècle, mais tout le monde peut requestionner ses valeurs pour trouver qu’une autre façon de se déplacer est possible. Et qu’elle peut nous combler, si on l’adapte à nos besoins et nos envies. Enfin, collectivement et avec l’appui de nos gouvernements, nous pourrions faire l’effort de valoriser celles et ceux qui vivent sans permis, et de leur faciliter ce choix…
Alors, on le repart le mouvement En ville sans ma voiture?
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Je n’ai pas de voiture ni même de permis par hasard plus que par choix, avec les enfants. C’est bien beau, mais rien n’est fait pour nous. Les livraisons ne sont pas fiables, le système de transport brise sans arrêt, même les autobus scolaires sont annulés en raison de la pénurie de chauffeurs. C’est compliqué louer une voiture ou prendre un taxi car pas de siège d’auto… mon mari a un permis mais il conduit si peu que j’ai peur. Finalement, on a juste plus envie de sortie… surtout quand les enfants deviennent fatigués de marcher… et font le bacon.
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salut Carle
Je ne peux qu’endosser ton propos et énoncé d’action pour nous tous qui vivons dans les quartiers centraux et qui avons la chance d’être des travailleurs intellectuels et professionnels. J’applique cette philosophie de vie depuis mon adolescence, et ça m’a rapporté beaucoup en santé, en argent et en sociabilité. Cependant il en va autrement des travailleurs de la périphérie immigrante, (Montréal-Nord, St Léonard, Anjou, St Michel, St Laurent, etc) qui actuellement ont absolument besoin d’une voiture et de stationnement pour se rendre à leurs différents lieux de travail. Il faut surtout changer le mode de vie de la périphérie qui stagne en terme de transport actif alors que dans les quartiers centraux, ça explose. Je suis allé manifester en 1979 au salon de l’auto contre le tout à l’auto en ville. La clientèle était surtout des « souches » de la classe moyenne. J’y suis retourné manifester dimanche dernier, la clientèle c’était principalement des jeunes issus de l’immigration. Le rêve de l’auto s’enracine vigoureusement en ce moment dans ces milieux. L’immigration va augmenter et avec le « rêve américain des années 1950 ». Et ça c’est puissant!
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Bonjour Jacques, il y a effectivement bien des luttes à mener. Mais on peut toutes les mener de front: encourager ceux qui le peuvent et le veulent à choisir un mode de vie sans permis, tout en appuyant celles et ceux qui n’ont pas cette opportunité et les accompagner dans leurs luttes pour un meilleur transport en commun.
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Voila dix ans que, habitant Paris, nous avons renoncé à posséder une voiture. Liberté d’esprit, économies financières très réelles, sentiment de faire quelque chose de palpable pour l’environnement sont nos motivations. Au final, nous ne nous posons même pas la question de savoir ce qui nous pourrions faire « de plus » avec une voiture, notre mode de vie s’est adapté sans aucun problème ni regret.
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C’est déjà fait depuis belle lurette. En fait, je garde toujours mon permis, au cas ou, mais je n’ai plus de voiture donc je profite de la marche, du vélo et du transport en commun. Là ou il y a le métro c’est génial mais pour les bus, ca pourrait être mieux.
Maintenant, il faut améliorer l’espace piétonnier. On a fait beaucoup pour les vélos depuis 10 ans mais pour les piétons ca laisse à désirer alors il faut que la ville fasse un effort, autant pour élargir des trottoirs que pour créer des places publiques.
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Je suis pour la réduction de l’utilisation de l’automobile, mais j’encourage tout de même les gens à avoir un permis de conduire. Ça peut être pratique pour se rendre hors des zones bien desservies par le transport en commun.
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Un des objectifs de mon texte est justement qu’on arrête d’encourager les gens à avoir un permis… La pression sociale est déjà assez forte sans qu’on en ajoute.
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