Les plus belles murales de 2022

Bon an mal an, des artistes peignent près de 200 murs extérieurs à Montréal. C’est une production colossale, qui mériterait d’être mieux valorisée. C’est pourquoi, depuis 8 ans maintenant, je produis mon palmarès annuel des plus belles murales! J’espère ainsi vous faire partager ma passion pour ces œuvres, offertes gratuitement aux Montréalais, tout en vous montrant à quel point elles transforment notre île en véritable galerie d’art.

Pour ce 8e palmarès annuel, j’ai décidé d’introduire un changement dans ma façon de vous les présenter. Je ne fais plus de distinction entre les petites et les grandes murales. Elles sont toutes présentées dans un Top 20 global. Mais comme chaque année, je les ai photographiées, puis évaluées en utilisant les quatre mêmes critères : l’originalité, la complexité, l’ancrage dans leur milieu et l’émotion suscitée par l’oeuvre. Je n’ai retenu que les 20 murales qui m’ont le plus marqué… Enfin, notez qu’elles sont classées par quartier, et non pas en ordre de préférence.

Sans plus attendre, voici mes photos des 20 plus belles murales de 2022!

Hochelaga-Maisonneuve

L’impressionnante succession de 25 panneaux peints qui forment cette grande œuvre a radicalement changé le décor du poste électrique Jeanne-d’Arc :

Oeuvre de Zek, Ankhone, Dodo Ose et Mr_Fius/Fuser, elle évoque le plaisir d’être « Tous ensemble », comme indiqué sur une pancarte peinte sur la murale. Chacun des panneaux raconte une histoire, qui se poursuit dans le panneau suivant. Mais la murale raconte aussi le succès d’une idée citoyenne qui s’est maintenant réalisée : animer la muraille grise qui entoure le poste électrique, en y ajoutant de la couleur. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est si l’idée en question est née de ma proposition faite dans ce texte de 2016, qui invitait justement Hydro-Québec à ajouter de la couleur à ses installations, dont celle du poste électrique Jeanne-d’Arc! (carte)

L’artiste Mili avait eu droit à une citation « hors catégorie » lors de mon dernier palmarès. Cette année, elle revient en force avec sa plus grande murale jamais réalisée, une œuvre digne d’un rêve :

Son monde imaginaire est des plus lumineux, parfait pour stimuler la créativité des enfants de la ruelle où elle est exposée. (carte)

Avec leur Samuraï, Korb, Axe et Monk.e animent brillamment le mur du Bistro Ste-Cath, un important diffuseur culturel local. Leur murale, assez longue, recouvre une ancienne lauréate de ce palmarès, peinte en 2020. (carte)

L’Hommage à M. Louis Hurtubise, de Syrup (Gabriel Lenfesty) et Adida Fallen Angel, est un petit bijou à plusieurs titres. En effet, en plus d’être très belle, c’est une murale commandée par des citoyens pour colorer leur maison! Après les festivals et les commerçants, on voit donc de plus en plus de ces murales nées de la volonté de Montréalais d’embellir leur bout de rue. Chapeau! (carte)

Le Plateau-Mont-Royal

Pour mousser la sortie de son jeu Gotham Knights, le studio Warner Bros Games Montréal a fait peindre 4 murales par des artistes canadiens. Le Nightwings de Johnny Crap (Jonathan Bergeron) est ma préférée.

Il est aussi impressionnant en général que lorsqu’on s’attarde à ses parties… (carte)

Le site du Festival MURAL nous a aussi donné de magnifiques œuvres cette année. Dont cette maison transformée en créature étrange par Danaé Brissonnet. Spectaculaire! (carte)

Le Chasseur rouge de Vexx a aussi retenu mon attention. Le grand tigre peint pendant MURAL se noie dans une débauche d’images qu’il semble créer en rugissant…

Les détails, encore une fois, sont remarquables. C’est l’une des raisons pour laquelle je veux voir les œuvres de mes yeux et les photographier moi-même. Pour constater à quel point elles sont souvent bien plus impressionnantes en personne, et pour pouvoir remarquer les détails qu’on ne voit pas lorsqu’on regarde une murale globalement. (carte)

Il y a aussi d’autres choses qu’on ne voit pas, comme en témoigne la prochaine murale de ce palmarès… C’est l’histoire qui se cache derrière certaines œuvres. Celle-ci n’était composée à l’origine que de la femme-robot de M.Roboto (Raphaël Dairon)… Puis ékié, membre du même collectif d’artistes, est venu y ajouter sa touche. Ça donne un couple des plus étonnants, avec ces regards croisés si romantiques… J’adore! (carte)

Ville-Marie

Cette année, le Festival MURAL s’étalait un peu partout en ville. C’est ainsi que sont apparues de grandes œuvres qui marquent maintenant le paysage, comme le fait ce Chariot, de Drew Young. L’artiste voulait honorer l’iris québécois, mais aussi la messagère des dieux grecs, nommée Iris, qui se transportait en… chariot.

C’est une œuvre gigantesque, mais en même temps difficile à voir si on ne sait pas où se placer pour l’admirer. (carte)

On vit un problème similaire avec l’oeuvre commandée par Parasuco Jeans. Pour bien la voir, il faut prendre du recul, mais ce faisant, on se retrouve avec un arbre à l’avant plan… Quoi qu’il en soit, cette œuvre monochrome du Projet Tyxna (Zek, Ankhone, Dodo Ose et Mr_Fius/Fuser), offre un très beau trompe-l’oeil. On voit très bien la maison d’arrière-cour s’insérer dans le paysage!

Le détail fait vraiment penser à une photo en noir et blanc, tirée d’un album de famille… (carte)

Dans le Village, Thriving, de Francorama, raconte la résilience et la solidarité face au VIH. Créée dans le cadre du Festival MURAL avec le soutien de ViiV Healthcare, cette œuvre témoigne d’un nouveau regard sur les personnes porteuses de ce virus, qu’on tente de vaincre depuis tant d’années. Lumineux. (carte)

Côte-des-Neiges

Pour la première fois, deux murales de ce quartier se hissent dans mon Top 20! Débutons par Trouver de nouveau un foyer, de Dan Buller (avec un poème de Rupi Kaur), qui est une œuvre poignante. Initié par Médecins Sans Frontières, ce projet est une production de Mu, un important organisme de diffusion de l’art mural à Montréal.

L’intelligence de la composition du dessin, la finesse des détails et le magnifique poème qui l’accompagne en font une des grandes réalisations de cette année! (carte)

L’autre murale est Well being/Bien être, de Zek, Peru et Deep. Bien que produite par Prévention CDN-NDG à l’automne 2021 dans le cadre du Festival Hip Hop You Don’t Stop, je ne pouvais pas la passer sous silence. C’est pour ne plus rater de telles murales que je publie mon Top annuel plus tard cette année…

Si l’ensemble est frappant, les détails ajoutent de la profondeur à l’oeuvre. Inspirante. (carte)

Rosemont-La Petite-Patrie

Chaque année, le Festival Canettes de ruelle nous réserve de belles surprises. Cette année, c’est ce Take your Time, en apparence si simple, qui m’a séduit. Lorsqu’on prend le temps de l’admirer et de se laisser imprégner par sa suggestion, il prend une toute autre ampleur. Merci Zoë Gelfant pour cet important rappel! (carte)

À l’autre bout de l’arrondissement, dans une ruelle de la Plaza St-Hubert cette fois, ce joli chat noir de Filco est venu enjoliver l’arrière de la boutique Les Mauvaises Herbes. Avouez qu’il est mignon… (carte)

Saint-Michel

C’est une très longue murale que Mu a produite pour le 60e anniversaire de la Ligue des droits et libertés. Tellement longue qu’une photo ne peut pas toute la montrer! L’oeuvre de Jimmy Beaulieu, intitulée Et ainsi de suite, souligne les luttes…

… Mais aussi la fraternité qui vient avec cet engagement à défendre les droits de toutes et tous. (carte)

Parc-Extension

À l’autre bout de l’arrondissement, c’est en collaboration avec la Fondation pour la langue française que Mu à joué avec les mots. Beige Fluo (Cyndie Belhumeur) et MC Marquis, les artistes derrière cette œuvre nommée Bonjour, ont voulu représenter la confusion ressentie par les nouveaux arrivants quand ils apprennent le français. C’est réussi! (carte)

Saint-Paul/Émard

Ce quartier du Sud-Ouest propose aux promeneurs une autre œuvre majeure de 2022. Simplement intitulée Bienvenue, la murale de Dodo Ose, Ankhone, Zek et Haks, célèbre le 75e anniversaire du Centre social d’aide aux immigrants, créé par les Soeurs du Bon-Conseil de Montréal. La murale représente d’ailleurs leur fondatrice, Marie-Gérin Lajoie, et une de ses citations, toujours d’actualité : « Soulager ne suffit pas, il faut transformer ».

L’immigration et les luttes sociales ont inspiré bien des murales cette année… (carte)

Montréal-Nord

L’oeuvre précédente et celle-ci ont été produites par l’organisme Kolab, dont la mission est de favoriser l’implication citoyenne à travers l’art urbain. Et quoi de mieux qu’une école pour atteindre cet objectif? C’est ainsi qu’est née la murale Avenir, de Fluke, sur un mur de l’école Calixa-Lavallée. Fabuleuse! (carte)

Ahuntsic

Cet Hommage à Yannick Nézet-Séguin (chef d’orchestre) a été réalisé dans le quartier de son enfance. Peint par l’artiste MC Baldassari, produit par MU en collaboration avec l’Orchestre Métropolitain, elle égaye avec originalité ce mur. Traits de bande-dessinée, couleurs chaudes, transparence, tout nous donne le goût de déposer, nous aussi, des roses aux pieds du chef. (carte)

Hors catégorie et ensemble exceptionnel

Maintenant que mon Top 20 des plus belles murales de 2022 vous a été présenté, il serait difficile de ne pas mentionner deux grandes murales qui se sont ajoutées aux murs de Montréal cette année.

Dans le cadre du Festival MURAL, Obey Giant (Shepard Fairey), un incontournable du monde du graffiti et de la murale, est venu marquer l’épicentre du festival d’une de ses créations si typiques. L’oeuvre Paix & Justice permet à Montréal de rejoindre les grandes villes du monde qui exposent une de ses créations. Géant! (carte)

Peintre, écrivain et cinéaste d’ici, Marc Séguin est aussi intervenu sur le paysage montréalais, en peignant L’art magnétique (Hommage à Jean Paul Riopelle). Ce projet de la Fondation Jean Paul Riopelle, de MU, de la Ville et de Tourisme Montréal, souligne les célébrations du centenaire de naissance de l’artiste montréalais, mort en 2002. Un hommage à la grandeur de l’artiste qu’il était! (carte)

Enfin, il s’est ajouté cette année à la collection montréalaise de murales un nouvel ensemble exceptionnel. Organisé par Origami Explorateur pour l’organisme Succès scolaire, le Graffiti Jam / Back-to-School Bash sur le thème du rêve a réuni 30 artistes qui ont recouvert deux murs de l’édifice de l’organisme, pour notre plus grand bonheur!

Si vous êtes attentifs, vous retrouverez trois des artistes du Top 20 parmi les créateurs de ce grand rêve éveillé. (carte)

C’est sur cet ensemble exceptionnel que se termine ma recension des plus belles murales de 2022 à Montréal. Elle ne témoigne que d’une fraction de tout ce qui s’est peint sur nos murs, mais c’est celle qui m’a le plus marquée. Avec près de 200 nouvelles murales peintes chaque année, notre ville mériterait bien d’être reconnue comme l’une des plus grandes galeries d’art urbain au monde! Allez voir ces murales, je les ai toutes géolocalisées… Vous verrez qu’elles sont encore plus impressionnantes en personne!

Bonne exploration!

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Découvrez mes Top des dernières années :

Notez que de plus en plus de murales recouvrent celles des années précédentes, il se peut donc que les œuvres des dernières années soient disparues depuis leur mention dans mes anciens Top…

• Les plus belles murales de 2021
• Les plus belles murales de 2020
• Les plus belles murales de 2019
• Les plus belles murales de 2018
• Les plus belles murales de 2017
• Les plus belles murales de 2016

Pour connaître mon classement des murales plus anciennes, visitez ces trois textes fondateurs de 2015 :

• Top 25 des plus belles murales de plus de 2 étages
• Top 25 plus belles murales de moins de 2 étages
• Les ensembles exceptionnels

Et je vous invite à découvrir certains de mes textes connexes :

• Les murales, un + pour la vie de quartier
• Murales : Montréal n’a presque rien à envier à Wynwood
• Garbage beauty: pour embellir la ville
• Signalisation : détournements et réinterprétations
• Montréal en mosaïques

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