Les abribus de Montréal fêtent leurs 60 ans!
C’est le 14 février 1962 qu’apparaissait le premier abribus à Montréal, inspiré d’un modèle français « d’abris voyageurs ». 60 ans plus tard, il a évolué et s’est imposé comme un élément du mobilier urbain essentiel à nos déplacements.
Il y a bientôt 10 ans, on annonçait un partenariat entre la STM et Québécor pour doter la Ville de tous nouveaux abribus, issus d’un concours de design mené en 2009. Ainsi, depuis 10 ans, les anciens abribus ont été progressivement remplacés. Et on en installe toujours de nouveaux, portant à plus de 3000 le nombre d’abribus sur le territoire de l’île.
Bien que ce modèle soit en voie de remplacer tous ceux qui l’ont précédé, il y a bien eu une petite levée de bouclier pour préserver des abribus anciens, dit « patrimoniaux ». Ou pour retarder l’arrivée de leur support publicitaire lumineux dans certains quartiers jusqu’à maintenant épargnés par ce type d’annonceurs… Même l’abribus spécifique au Quartier international, avec sa signature unique, semblent voué à s’effacer.
En sera-t-il de même pour le modèle développé par la Société de développement Angus pour son quartier, dans Rosemont?
Beaucoup plus spectaculaire, le gigantesque abribus derrière la station de métro Lionel-Groulx impressionne. J’aime bien qu’on ose de tels équipements, qui améliorent le paysage de la ville. C’est peut-être une voie d’avenir pour les anciens modèles d’abribus : en laisser quelques-uns, sur des territoires bien identifiés, pour marquer le paysage et affirmer une identité hyper-locale…
Chronique du 21e siècle
On avait fait grand cas, lors de l’annonce des nouveaux abribus en 2013, qu’ils représentaient une « grande première mondiale dans le domaine du mobilier urbain » avec leurs écrans interactifs de 84 pouces « à reconnaissance gestuelle »… En effet, certains des nouveaux abribus de Québécor sont interactifs et permettent de vérifier les horaires des autobus, de voir le plan du réseau ou de s’informer sur la météo.
Il faut toutefois savoir les distinguer de ceux qui ne sont pas interactifs et apprendre à bouger correctement pour réussir à en tirer quelque chose… Pour l’avoir essayé, ce n’est pas du tout évident! Et avouons qu’on en a bien peu fait la promotion ces dernières années…
Pourtant, le Quartier de l’innovation teste de nouvelles technologies pour ces abribus intelligents dans le cadre de son Laboratoire à ciel ouvert de la ville intelligente. Peu de choses en ont filtré, mais à l’ère des appareils connectés, il serait intéressant de savoir ce que nos abribus ont dans le ventre!
Ailleurs dans le monde, la course à la modernité nous prendra-t-elle de vitesse? À Paris, par exemple, on a testé de 2012 à 2015 un nouvel abri voyageurs étonnant, la Station Osmose. Originale, elle intégrait des écrans d’information, un distributeur de billets, un point de recharge pour les cellulaires et même une micro-bibliothèque!
Alors que la Ville Lumière s’est dotée de ses premiers abribus en 1964, soit 2 ans après Montréal, serait-elle sur le point de devancer sa petite cousine d’Amérique avec son chantier misant sur le développement de 40 projets de mobilier urbain intelligent? L’abandon de la Station Osmose à la faveur d’un projet moins novateur nous permet de penser que non.
Pour leurs 60 ans, nos abribus se classent assez bien dans le palmarès des meilleurs du monde. C’est du moins ce que j’ai constaté dans mes nombreux voyages… Issus d’un concours de design, fonctionnels, élégants et intelligents, les abribus de Montréal se démarquent. Mais ce n’est pas une raison pour se reposer sur nos lauriers!
Tour du monde des abribus
En effet, sur certains aspects, de nombreux abribus montrent qu’on peut être original et se démarquer avec ce simple mobilier urbain. J’ai retenu une vingtaine d’exemples à travers mes photos personnelles, provenant de presque autant de villes du monde, qui montrent l’immense potentiel de ces éléments parfois négligés du paysage urbain.
Les impressionnants
L’Espace numérique de Paris était un projet d’abris voyageur de démonstration, comme la station Osmose montrée plus haut. Une belle curiosité en ville, mais elle n’a pas survécu au temps. L’idée de mettre de la verdure sur le toit, elle, est toutefois restée sur les nouveaux abribus de la Ville Lumière.
Singapour, ville de démesure, sait le montrer jusque dans ses espaces d’attente pour l’autobus…
Quand le minimalisme fait joli! À Sydney, ces parasols n’ont aucun effet protecteur contre la pluie, qui passe au travers… Design 1 Utilité 0.
Les mignons
L’abribus de Bamberg, en Allemagne, se démarque par son toit en arcs, qui donne un bel effet. Simple et efficace.
À Sydney, on a choisi le type rustique pour plusieurs abribus, dont celui-ci. Il n’y en a pas deux pareils…
C’est aussi le look choisi par Rosemère, au Québec, mais en plus solide. J’aime beaucoup!
Les élégants
Avec son logo bien en vue, son nom de station et son parement en bois, l’abribus du Métrobus de Québec est des plus élégants.
Ce sont un peu les mêmes caractéristiques qui ont retenu mon attention à Lyon.
À Cannes, on a misé sur une légère courbe, mais surtout, sur la lumière pour donner de la personnalité aux abris voyageurs. C’est chic.
Les géants
Pour faire les choses en grand, Munich s’est donné les moyens! C’est design, ça semble léger mais c’est massif.
J’ai quand même une petite préférence pour la luminosité de cet abribus de Bruxelles.
Il marque le paysage de Strasbourg, mais le cercle de verre de la station Homme de fer n’offre aucune protection contre la pluie ou le vent. C’est à se demander si on a même pensé lui donner cette fonction…
Les minimalistes
À l’autre bout du spectre, j’ai bien aimé cette petite ombrelle à Bruxelles.
Même lorsqu’il n’y a pas d’espace, on peut réussir à se doter d’un abribus, comme le montre avec talent cette installation à Paris.
À Rhodes, en Grèce, le résultat est moins heureux, mais il y a là une bonne idée qui aurait mérité d’être un peu plus réfléchie…
Les pratiques
Tant qu’à avoir du mobilier urbain, pourquoi ne pas lui donner une double fonction? Ici, Madrid innove en offrant un point de dépôt pour piles usagées…
L’abribus entièrement en plexiglass de Madrid m’a fait sourire. Dans un pays où on cherche souvent à se cacher du soleil, il me semble que c’est une moins bonne idée que si nous le faisions à Montréal!
Le seul endroit au monde où j’ai vu un abribus disposé non pas sur le bord de la route, mais tourné pour offrir une meilleure vue sur l’autobus qui arrive, est Sirmione en Italie. Brillant! Pas besoin de se donner un torticolis pour savoir s’il arrive, on le voit devant soi.
Les artistiques
Enfin, pour terminer ce tour du monde, allons voir du côté des abribus artistiques. Celui de Philadelphie est assez particulier, puisqu’il devient l’oeuvre d’art. Il y en a plusieurs du même genre au centre-ville.
Le designer Philippe Stark a doté la ville de Nîmes d’une œuvre monumentale, voulue pour servir d’abribus. Les bancs et l’abri en marbre ont rapidement trouvé preneurs! Ce serait intéressant d’avoir une telle intervention artistique à Montréal…
À Séville, c’est une installation temporaire qui m’a fait voyager. Me rappelant qu’il n’y a qu’une limite à ce qu’on peut faire d’un abribus : notre imagination…
Ces nombreux exemples venus des quatre coins du monde, et même du Québec, montrent tout le potentiel des abribus comme mobilier urbain distinctif. Ceux de Montréal sont design, fonctionnels, élégants et intelligents, mais je persiste à penser qu’il faut garder une certaine variété pour marquer le paysage et affirmer l’identité de certains quartiers ou développements. Nous avons déjà un géant au métro Lionel-Groulx, on aurait peut-être avantage à développer un modèle minimaliste pour les endroits trop étroits pour accueillir nos abribus actuels… Ce serait aussi intéressant de doter certains de nos abribus de fonctions pratiques, comme à Madrid. Et pourquoi ne pas penser à ajouter une note artistique à d’autres? On le fera justement sur les stations du SRB Pie-IX, sur les deux supports vides du haut de chacune des stations!
Vous avez aimé ce texte? Vous aimerez aussi:
- Le buzz des bancs publics IV
- Parlons de nos poubelles!
- Abreuvoirs, fontaines à boire et autres innovations
- Lampadaires et autres jolis éclairages
- Pour des stationnements à vélos originaux
–
Abonnez-vous à mon blogue pour ne rien rater! Le bloc d’abonnement est en haut à droite du texte! Vous serez ainsi notifié par courriel à chaque fois que je publie un nouveau texte.
C’est toi ma Ville s’est associé au blogue Mes Quartiers pour créer une page Facebook dédiée aux amoureux de Montréal. Cliquez « j’aime » sur cette page et découvrez un contenu hebdomadaire original et exclusif!
