Quand vient le temps de célébrer l’amour, certaines villes semblent offrir plus de façons d’en témoigner que d’autres. Dès la fin de l’enfance l’envie irrésistible de tracer un coeur avec ses initiales additionnées à celles de l’être aimé se manifeste chez plusieurs. Souvent en cachette, ces graffitis apparaissent un peu partout. Avec le temps, le goût de laisser une trace plus tangible fait parfois surface et une des manifestations les plus internationales de ce besoin est aujourd’hui la pose d’un cadenas sur un pont.
Cette idée d’identifier de nos initiales un cadenas, de l’accrocher à un pont, pour ensuite jeter la clé dans la rivière qu’il enjambe, viendrait d’une tradition débutée après la Première Guerre mondiale sur le Most Ljubavi, le « Pont de l’Amour », à Vrnjacka Banja en Serbie.
Déjà présente en Europe de l’Est dès les années 80, cette tradition s’est depuis répandue aux quatre coins du monde, dont Salzbourg, en Autriche.
Rares sont les grandes villes qui échappent au phénomène, rendu encore plus célèbre depuis que Paris a dû intervenir pour dégager le Pont des Arts de près d’un million de cadenas, qui ajoutaient 45 tonnes au pont et menaçaient de l’entraîner, sous leur poids, dans le fleuve!
Cette histoire, qui a fait le tour du globe, explique pourquoi on voit assez peu de ces cadenas à Montréal. Ils sont tout simplement coupés au fur et à mesure de leur apparition, entre autres dans le Vieux-Port.
À Toronto, sur le Pont Humber, on les laisse un peu plus longtemps, mais jamais en grand nombre.
C’est une première façon de laisser l’amour d’un couple s’exprimer dans la ville, même si c’est temporairement. Mais pourquoi lutter contre cette tradition alors qu’on pourrait encourager un bon comportement? Car les exemples de villes qui ont su canaliser l’amour des couples avec des aménagements simples sont nombreux!
Offrir un nouveau support aux cadenas
Lisbonne a fait le pari de ne pas changer la tradition, et de permettre aux amoureux d’installer leurs cadenas sur bord de l’eau plutôt que sur les ponts. Aussi efficaces que les noms de villes comme attraction, ces lettres géantes offrent une alternative qui séduit bien des couples. Tout en étant photogénique!
Le Clarke Quay Central, un centre commercial qui longe la rivière Singapour, dans la cité-État du même nom, offre un grand coeur aux amoureux. On s’éloigne du bord de l’eau, mais la rivière coule juste en face, de l’autre côté de la promenade riveraine.
Toronto cherche aussi à éloigner la tradition du cadenas de ses ponts. C’est ainsi qu’est apparu le LOVE du Distillery District, un quartier piéton pas du tout sur le bord de l’eau.
À Vérone, la ville de Roméo et Juliette
Le fameux balcon de Juliette, qu’on peut aujourd’hui visiter, n’est qu’une fiction. Shakespeare, l’auteur de la fameuse tragédie, n’a jamais mis les pieds dans cette ville. Ce qui n’a pas empêché qu’on trouve un lieu réel pour faire revivre le mythe et lui dédier un musée… Si la pièce de théâtre a été publiée en 1597, le balcon, lui, n’a été construit qu’entre 1936 et 1940. Depuis, il attire une foule de Juliette accompagnées de leur Roméo.
Si on connaît le fameux balcon, on voit moins souvent les murs du porche qui y mènent. Et ce n’est pas pour rien! Les amoureux y collent des vœux d’amour, mais aussi des pansements parés de leurs initiales ou… des gommes qu’ils ont tous deux mâchés. Espérons que l’idée restera sous ce porche!
Vérone la romantique donne toutes sortes d’occasions aux couples de témoigner de leur bonheur, autres que les cadenas. Comme avec ce banc-sculpture où ils aiment se faire photographier. Simple et pratique, ce banc participe au positionnement de la ville en se retrouvant sur les réseaux sociaux d’amoureux du monde entier.
En mode selfie
L’oeuvre LOVE, de Robert Indiana, orne le John F. Kennedy Plaza de Philadelphie depuis 1970. C’est un haut lieu touristique de la ville, qui attire comme un aimant les amants, qui sont prêts à faire la file pour s’y faire photographier.
Le Sister Cities Park de Philadelphie offre une version espagnole de la même œuvre…
À Toronto, on a aussi utilisé la sculpture pour faire oublier aux amoureux les cadenas. Deux autres installations du Distillery District en témoignent. Le KISS & LOVE…
… et la grande arche en forme de coeur. Avouez qu’une telle arche composée de plantes à fleurs, au Jardin botanique l’été, ce serait bien!
À Montréal, on a pas encore trouvé la façon d’offrir aux amoureux un lieu agréable où se prendre en photo dans un décor aménagé, même si on peut compter nous aussi sur une copie de l’oeuvre LOVE, de Robert Indiana.
Même le Musée des Beaux-Arts, qui pourtant expose alternativement trois des œuvres-Coeurs de Jim Dine, n’a pas su les installer de manière à attirer les amoureux. Sur cette photo, les Trois cœurs sur un rocher, étaient exposés dans le Vieux-Port il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est sur les terrains du Musée qu’on peut croiser une autre de ces œuvres. Mais ce n’est pas évident de se prendre en photo avec…
L’art mural au profit de l’amour
Le mur des je t’aime de Paris, une œuvre réalisée par Frédéric Baron, Claire Kito et Daniel Boulogne, peut être visité au square Jehan-Rictus. Encore faut-il savoir qu’elle y est… Et pourtant, elle est assez émouvante avec ses je t’aime écrits en 250 langues. Parfaite pour les couples polyglottes!
À Montréal, les œuvres de l’artiste de rue Adida Fallen Angel pourraient aussi être de beaux lieux de rendez-vous pour les amoureux. Sous forme de graffitis et de murales, elles ne sont pas permanentes, et sont donc découvertes par hasard par les couples.
Quand la signalisation est efficace
Une meilleure signalisation pour diriger les couples? Pourquoi pas! C’est l’idée originale qu’a retenu Sirmione, petit village italien, pour faire réagir ses visiteurs. Ces différentes initiatives pour célébrer l’amour sont toutefois rarement identifiées comme attraction par les services touristiques des villes. On les trouve donc à force de promenades.
On l’a vu, en contexte urbain, l’amour peut s’exprimer de bien des façons! Par un geste, un moment, un souvenir, un baiser… Les villes qui savent canaliser cette énergie positivement s’épargnent sûrement une partie de la gestion des encombrants cadenas sur leurs ponts! Tout en améliorant leur attractivité comme ville romantique…
À quand de tels aménagements à Montréal?
–
C’est toi ma Ville s’est associé au blogue Mes Quartiers pour créer une page Facebook dédiée aux amoureux de Montréal. Cliquez « j’aime » sur cette page et découvrez les textes proposés par nos deux blogues, en + d’un contenu hebdomadaire original et exclusif!

Visitez ma page d’accueil pour voir mes + récents textes. Vous y découvrirez des articles sur ce qui pourrait améliorer notre ville, sur ses attraits, ses bonnes adresses, ses grandes réalisations ou tout simplement sur ce qui la démarque des autres métropoles du monde. Une ville riche qui se dévoile dans mon blogue où j’enchaîne les textes depuis maintenant 12 ans!
Vous continuez à m’impressionner par vos sujets. Bravo et merci
J’aimeAimé par 1 personne
Pourquoi love en lieu et place d’amour ? Il me semble que, comme seule métropole francophone en Amérique du Nord, on pourrait afficher notre spécificité au lieu de vouloir faire comme Toronto si on se fie à la photo ci-haut. Aimons également notre langue, le français. Car justement, elle manque d’amour en ces temps d’uniformisation et de conformisme à l’anglais. Le tout-à-l ‘anglais.
J’aimeJ’aime
Bonjour Daniel,
À Toronto (photo de couverture), c’est normal qu’ils utilisent love. À Montréal, nous utiliserions probablement amour. Les exemples du monde que je propose dans mon texte suivent, évidemment, les langues d’usage des pays où ils sont situés… Je n’ai pas croisé d’équivalent en français toutefois, même si j’en ai trouvé un espagnol. Il faudra l’inventer, tout simplement…
J’aimeJ’aime