On nous annonçait récemment le Réseau express métropolitain (REM) de l’Est, dont une bonne partie du trajet serait aérienne, comme c’est le cas à Chicago, sur l’image ci-dessous. S’il ne fait pas de doute qu’une portion en souterrain serait préférable d’un point de vue urbanistique, je me dis qu’il vaut mieux tout de suite réfléchir aux solutions pour améliorer les portions surélevées, parce qu’il serait étonnant qu’il n’y en ait pas…
Dévoilé en décembre dernier, le projet de la CDPQ Infra promet l’ajout de 23 nouvelles stations, réparties sur deux branches (Pointe-aux-Trembles et Montréal-Nord), d’ici 2029! Nous sommes d’ailleurs invités à nous exprimer sur ce grand projet et des consultations publiques auront lieu dans les quartiers sillonnés par le REM de l’Est. Il est donc encore temps de partager des idées!
C’est bien, parce que mettre en œuvre des améliorations lors de la construction coûtera moins cher que devoir corriger des erreurs après coup… Et il faut malheureusement avouer qu’il y en a eu! Vers l’Ouest, le REM passe au-dessus du canal de Lachine, dans un secteur patrimonial névralgique, sans aucune subtilité ni aucun sens de l’esthétisme. Cet accroc majeur dans l’aménagement du REM suffit à soulever l’inquiétude pour la suite. Voyez par vous-même :
Pour le REM vers l’Est aussi, la structure en hauteur menace de balafrer des quartiers, dont le centre-ville et Mercier-Est. Alors d’ici à ce qu’on procède aux premières pelletées de terre, juste au cas où le projet ne soit pas souterrain, voici une dizaine de propositions pour rendre attrayantes les futures portions aériennes du REM et mieux les intégrer à notre trame urbaine.
Depuis mon enfance, l’échangeur Anjou me fascine. Je me suis toujours demandé pourquoi nous n’avions pas gardé cette façon d’embellir les structures autoroutières… Parce que le béton peut être beau, comme j’en parlais dans mon texte sur le sujet, il y a là une première inspiration possible pour réaliser les futurs tronçons aériens du REM.
Une autre inspiration locale pourrait être de jouer avec des structures métalliques rappelant les escaliers si typiques de Montréal, ses balcons ou ses clôtures de fer forgé.
Plus moderne, Singapour s’est doté du Helix Bridge, imaginé à partir de la structure de l’ADN… Comme quoi, pour les structures métalliques, il y a une infinité de possibilités!
À La Haye, ils ont utilisé ce concept pour 400 mètres de leur métro aérien, c’est assez intéressant.
Il y aurait aussi des possibilités plus sobres, comme d’arrondir les contours du tablier portant les rails du REM, en développant un concept similaire à celui de la Passerelle BP, à Chicago.
Simple mais toujours efficace et photogénique, une surface réfléchissante qui permettrait de mettre en valeur ce qui serait autrement caché par le REM, pourrait aussi être une bonne idée. On le voit bien avec la Cloud Gate de Chicago, une œuvre d’Anish Kapoor. Ici, une telle surface réfléchissante permettrait, par exemple, de ne pas faire disparaître la porte du Quartier Chinois, devant laquelle le REM de l’Est pourrait un jour venir s’implanter si le projet reste aérien… Elle serait réfléchie et, si le projet est bien pensé, ça pourrait être magnifique.
De la couleur pourrait-elle suffire pour améliorer les futurs tronçons du REM? Peut-être, mais il me semble qu’il faudrait pousser l’idée un peu plus loin. Par exemple, en peignant les « passerelles » créées par le REM d’immenses murales produites par des artistes d’ici, à l’image de ce qu’il se fait déjà sur nos murs… On se doterait ainsi d’une immense galerie d’art à ciel ouvert!
Du côté des arts, d’autres possibilités existent, comme celle de remplacer les piliers de l’ensemble par des œuvres d’art. Comme ceux de cet édifice de Miami, par exemple?
Tiré d’un répertoire artistique antique, les arcs de triomphe et autres portes monumentales, comme on en voit dans les villes européennes, pourraient nous inspirer des versions modernes, à inventer pour nos artères importantes qui passent sous le REM. Ainsi, plutôt que de séparer les quartiers, ce dernier marquerait le passage. Des dérivés de ces arcs pourraient être des ajouts intéressants sur certaines intersections…
Ou pourquoi ne pas s’inspirer carrément du métro, qui offre le développement de chacune de ses nouvelles stations à un architecte différent? De la structure de base du REM, ils pourraient développer autant de visions qu’il y a de stations!
Dans des secteurs très urbanisés, une autre idée serait de jouer avec l’eau. Cascades sur les piliers, petites chutes sous les rails, mini plans d’eau servant aussi de bassin de rétention, des ajouts qui seraient particulièrement bienvenus l’été. Mais n’ajouteraient malheureusement rien les autres saisons… Ici à Madrid.
Pour le soir et la nuit, on pourrait aussi penser à des jeux de lumières, un peu comme on le fait avec le Pont Jacques-Cartier. Soit pour illuminer l’ensemble, soit pour rendre l’espace sous le REM plus accueillant, comme dans cet exemple, vu à Nice (qui s’est aussi doté d’une structure métallique intéressante pour son métro aérien…).
D’ailleurs, il faudra aussi se préparer à aménager les dessous de la structure du REM, s’il est aérien… Et ainsi éliminer les risques d’enclavement que de telles structures créent trop souvent. J’ai déjà écrit sur ce thème, donc pour celles et ceux que ça intéresse, vous pouvez poursuivre votre lecture sur les aménagements sous les ponts, viaducs et autres structures, comme ci-dessous à New York.
Mais pour revenir sur l’exemple de La Haye mentionné plus haut, les concepteurs ont séparé les voies pour permettre à la lumière de se rendre sous le tablier. Brillant!
On le voit, avec un peu d’imagination, on peut trouver de nombreuses idées pour ne pas répéter à l’infini la même structure monotone du REM de l’Ouest et mieux intégrer celui de l’Est à la trame urbaine qu’il traversera. Le défi est grand, surtout au centre-ville! Il ne faudrait pas que ça finisse par ressembler à ce qu’on peut voir à Miami…
Je garde espoir qu’il pourrait y avoir une portion en souterrain, mais si jamais ce n’est pas la voie empruntée, il faudra s’occuper des piliers, du tablier supportant les rails et les trains, des stations et de tous les terrains sous l’ensemble, pour faire du REM un atout pour la Ville plutôt qu’une cicatrice… Les idées sont lancées, il reste maintenant à faire preuve de créativité lors de la construction!
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