Quand tout part d’une photo…

En 2010, lors d’un voyage à Florence en Italie, je prends la photo ci-dessous, intrigué par l’idée fascinante du détournement de sens d’un panneau de signalisation routière, sans qu’il ne devienne illisible pour les conducteurs. Utile tout en étant ludique!

Ce n’est que quelques années plus tard que j’apprenais le nom de l’artiste, Clet Abraham, grâce à une nouvelle concernant son travail, diffusée jusque dans les médias de Montréal!

Puis il y a eu l’ironie de deux autres panneaux, croisés tout en haut des 2900 mètres d’altitude du Schilthorn, un sommet des Alpes en Suisse, qui m’ont convaincu qu’il y avait là quelque chose d’intéressant à explorer.

Faire sourire, faire réfléchir, pointer des absurdités… Le concept peut être développé à l’infini!

Clet Abraham ne s’en est pas privé, lui qui a en plus ouvert son studio au public pour y vendre, entre autres, des autocollants reproduisant ses œuvres sur rue! J’y suis allé lors de mon 2e passage à Florence, en 2019. Oeuvres originales, reproductions, j’ai même eu la chance de voir l’artiste à l’oeuvre dans son atelier. Une vraie attraction touristique!

Et Montréal?

Chez nous, c’est en 2015 que j’ai croisé mon premier panneau détourné. Le dromadaire, sur Fairmount, en face de Waverly.

Depuis, il y a une multiplication assez soutenue de ces interventions artistiques à Montréal!

Certaines sont temporaires, comme la traverse de chats, qui s’est méritée une attention médiatique récemment…

D’autres sont dessinées, comme ce panneau de travaux, aussi vu en 2015, sur Beaubien.

Et plusieurs sont apparues, potentiellement aussi durables que les œuvres de Clet Abraham. Au grand bonheur des promeneurs…

D’ailleurs, l’artiste était de passage à Montréal en 2018 et nous a laissé quelques œuvres! Comme cette fleur…

Au coin De Bullion et Marmette, ces deux skateurs ont un bel avenir devant eux… Mais tout comme pour le chameau, je ne sais pas trop qui en est l’auteur.

Plus récemment, à l’été 2020, je découvrais Carnior et ses pochoirs, qui font parfois penser à Banksy pour leur aspect militant… Sur un panneau, son autocollant de mouton sur fond de Pont peut aussi susciter bien des réflexions!

Quand la Ville fait sourire

Mais il n’y a pas que les artistes qui nous réservent des surprises. Parfois c’est la Ville, bien malgré elle, qui s’y met. Comme avec cette affiche mettant en garde contre les talons hauts pour emprunter un escalier de la côte Sherbrooke, qui fait étrangement penser à celle du Schilthorn…

L’interdiction de déneigeuse sur un trottoir dans Pointe-Saint-Charles est aussi assez étrange…

… et les pompiers à l’allure d’une bande dessinée pour enfant, dans Notre-Dame-de-Grâce, semblent sortis d’une autre époque!

Dans le cas de cette interdiction de jouer au golf, dans le Parc Maisonneuve, c’est vrai qu’il est sorti d’une autre époque… Où il n’y avait pas d’arbres tout autour!

Mais parfois, les gouvernements s’associent avec un artiste pour ajouter une signalisation étrange au paysage d’une ville, comme avec Entrelacement, de Michel de Broin, situé sur le Canal de Lachine depuis 2001!

Jusque dans les ruelles

Les ruelles de Montréal sont aussi un lieu de multiplication des signalisations curieuses et humoristiques. Dans Saint-Michel, celle-ci m’a beaucoup fait penser à Entrelacement…

Moins formel que les panneaux d’écoliers sur rue, celui-ci, vue dans la Petite-Patrie, respire la vie.

Tandis que ces traverses de lutins et unicorn crossing, vus dans une ruelle verte de Maisonneuve, permettent aux enfants de rêver un peu…

Pour protéger toutes ces allées et venues, les ruelles de Montréal comptent de nombreux exemples de signalisations humoristiques, comme celle-ci sur Le Plateau…

… ou celle-là dans Villeray

Enfin, il y a aussi ce détournement d’un panneau de la STM qui mérite une mention! Croisé dans une ruelle du Plateau, il témoigne, avec tous les autres, de la créativité débordante des comités de ruelles vertes!

Pour notre image de marque!

Comme Florence, Montréal pourrait tirer profit de la créativité de ses habitants pour se démarquer et ajouter un peu de magie à ses rues. Même des villages, comme Sirmione en Italie, s’y sont mis… Ça donne cette invitation au bonheur! « Kiss… Please »

À Montréal, cet automne, le Débordement littéraire du Festival international de la littérature est lui aussi une invitation au bonheur. En offrant des citations de Dany Laferrière, Réjean Ducharme, Joséphine Bacon, Kim Thúy, Roland Giguère et Monique Proulx sur une multitude de panneaux de signalisation dans le Quartier des Spectacles, c’est toute une autre expérience de la Ville qui nous est offerte par ses auteurs, Sacha Buliard et Émilie Proulx… Deux parcours nous sont offerts pour les prochains mois. Mais espérons que le projet survivra à l’année 2020… Et, pourquoi pas, qu’il soit bonifié d’année en année!

Montréal capitalise depuis des décennies sur sa créativité, et ses artistes le lui rendent bien, comme nous montre ce petit tour d’horizon. Serait-il pensable d’aller plus loin, par exemple en reconnaissant leur apport? Ou le simple fait que certains de ces panneaux détournés soient encore intacts après cinq ans témoigne d’un réel respect? Il y aura toujours une part de mystère dans la relation qu’entretient une Ville avec ses artistes…

Mais quoi qu’il en soit, la grande créativité des Montréalais se démarque une fois de plus, offrant à notre Ville une variété énorme de détournement de panneaux de signalisation, me permettant de ne plus envier ceux de Florence!

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