Mystérieux lichens de Montréal

2020 sera marqué au fer rouge du confinement de la population dû à la COVID-19. Une période étrange où nos horizons se sont raccourcis à leur plus simple expression. Lorsqu’on est coupé de ce qui est loin de nous, on peut toutefois compenser en s’intéressant à ce qui est proche de nous… Sous nos yeux, mais suffisamment petit pour qu’on n’y prête normalement pas attention. Jusqu’à ce qu’on soit en manque de nouveauté et qu’on se mette à en chercher.

Les lichens poussent partout autour de nous. Principalement sur les arbres, mais aussi sur les maisons, les trottoirs abimés, les clôtures anciennes… Ils passent toutefois inaperçus et comptent peu d’admirateurs si on en croit le peu d’info qu’on peut trouver sur internet… Il ne semble même pas y avoir de groupe amateur au Québec… Pourtant, c’est tout un monde étrange qui se cache sous cet étonnant organisme!

En effet, le lichen est une association symbiotique entre une algue et un champignon! Il utilise les arbres comme support de croissance sans leur nuire et se nourrit des éléments minéraux contenus dans l’eau qui ruisselle sur l’écorce de l’arbre. Pour ce faire, il y forme des croûtes grisâtres, vert pâles, orangées ou même noires, comme de curieuses dentelles de couleurs.

De plus, les lichens sont des indicateurs de la qualité de l’air. À cause de leur intolérance à la pollution, ils se retrouvent surtout sur des arbres situés à l’extérieur des zones les plus polluées des villes. Si les arbres de votre voisinage sont couverts de lichens, réjouissez-vous, c’est le signe que l’air dans le secteur est bon!

Certains oiseaux, notamment les colibris, les utilisent pour construire leur nid. D’autres animaux s’en nourrissent. Quoi qu’il en soit, comme tout ce qui vit au sein de nos villes, c’est un ajout important à la biodiversité de Montréal!

Collectionner les observations

Comme pour l’observation des oiseaux, on peut collectionner les photos de lichen. Sans groupe amateur sur l’île, il faut toutefois se tourner vers internet pour tenter d’identifier le nom de nos trouvailles. Et il risque d’y en avoir beaucoup!

À Genève, en Suisse, on a recensé près de 300 espèces de lichens qui poussaient en ville et on en a même découvert de nouvelles! Ces découvertes ont poussé la municipalité à tester de nouvelles pratiques de restauration pour laisser le lichen en place lors de l’entretien des bâtiments patrimoniaux, plutôt que de les « décaper ». Un champs d’étude pour Héritage Montréal?

Plus près de nous, des chercheurs de partout au Canada veulent identifier une espèce de lichen emblème pour chaque province. Après les oiseaux, les arbres, les fleurs ou encore les tartans, le lichen pourrait ainsi entrer dans la liste des symboles des provinces. Pourquoi pas des villes, comme tant d’autres symboles de Montréal dont je parlais dans ce texte?

Mais en attendant que des scientifiques identifient une ou des espèces uniques à Montréal et qu’on s’entende sur laquelle pourrait servir d’emblème à notre ville, il me semble que ce serait intéressant qu’une institution scientifique lance une démarche de science participative sur ces mystérieux lichens! Espace pour la vie peut-être? Un peu à l’image de Lichens Go, à Paris…

D’ici là, je vous invite à prendre le temps de vous arrêter pour scruter l’écorce des arbres de votre voisinage, vous serez étonné de voir ce que vous y découvrirez!

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