Alors que la fréquentation de nos bibliothèques publiques grimpe depuis plusieurs années, que le Programme de rénovation, d’agrandissement et de construction de bibliothèques poursuit son œuvre utile et que les nouveaux services offerts par nos bibliothécaires se multiplient, il est intéressant de souligner à quel point ces institutions sont au cœur de nos quartiers.

Dans ce texte, je vais vous présenter rapidement tous les services de prêts disponibles sur l’île (parce que les bibliothèques ne prêtent pas que des livres!) et réfléchir avec vous à d’autres services qui pourraient s’y greffer. Vous verrez, les exemples venant d’ailleurs sont étonnants et ils ne montrent que la pointe de l’iceberg des possibilités!

Ce que nos bibliothèques louent

Généralement, nous savons que les bibliothèques louent des livres, des disques et des vidéos, sous une certaine variété de supports. Si la plupart offrent des jeux vidéos, peu de gens savent qu’elles ont parfois une section spéciale, unique à une succursale, comme les marionnettes, les cartes nautiques, les partitions musicales ou les diapositives… Une variété d’options à découvrir sur cette page des trésors des bibliothèques de Montréal.

Elles permettent aussi l’utilisation d’un ordinateur et l’accès à internet sur place, tout comme le prêt d’une tablette numérique. On y trouve des salles de réunion et, depuis peu, des FabLab, ces espaces de création utilisant le potentiel des nouvelles technologies comme les imprimantes 3D. Le BennyFab est l’un de ceux-là.

Je vous l’apprends peut-être: certaines offrent maintenant des instruments de musique! Il n’y manquera bientôt que des studios d’enregistrement pour créer votre propre balado ou pour enregistrer votre premier disque solo!

Jusqu’à sa fermeture temporaire pour reconstruction, la bibliothèque Gabrielle-Roy de Québec offrait un service (payant) de location d’une de ses 1 000 œuvres d’art. Un service unique qui existe à Montréal, en dehors des bibliothèques publiques toutefois, grâce à l’Artothèque et ses 3 000 oeuvres.

Sans offrir d’oeuvres d’art à leurs visiteurs, les bibliothèques de la ville (et la Grande bibliothèque) participent au programme Empruntez un musée! permettant de se procurer gratuitement un laissez-passer pour deux, donnant accès aux expositions du Musée des beaux-arts de Montréal, mais aussi du Musée McCord et du Musée Stewart. En avez-vous déjà profité?

Pour terminer ce tour d’horizon de tout ce qui se loue maintenant dans nos bibliothèques, difficile de ne pas mentionner l’ajout d’un espace Café dans plusieurs bibliothèques de l’île. Bien sûr, il faut payer son café, mais c’est tellement agréable de s’y attabler avec un livre fraîchement trouvé!

Ce que nos bibliothèques pourraient louer

De plus en plus vues comme des sites d’accès aux savoirs, des tiers lieu d’apprentissage et même de fabrication, les bibliothèques sont en train de devenir un maillon essentiel de la formation continue… Mais pour que ce soit une réalité, il faudrait aller beaucoup plus loin.

Il y aura toujours un livre pour nous enseigner comment faire les choses, alors pourquoi ne pas encourager les autodidactes en ajoutant de nouveaux services, liés à des rayons de livres déjà présents dans nos bibliothèques? Dans une optique d’éducation permanente? C’est toute la société qui en sortirait gagnante.

Par exemple, il y a des ateliers de cuisine pour les 6-10 ans dans plusieurs bibliothèques de Montréal. Pourrait-on penser à un service de cours de cuisine-santé pour tous? Ou même à des partenariats avec les cuisines collectives? Les bibliothèques pourraient aussi prêter des grands chaudrons, que presque personne n’a à la maison, et offrir ainsi un service utile à des familles qui en ont besoin…

Aux bibliothèques Ahuntsic, du Boisé et de La Petite-Patrie on propose maintenant une banque de semences, la « grainothèque », aux abonnés. Elles ne sont que quelques-une au Québec. Mais à ma connaissance, aucune n’offre le prêt d’outil de jardinage ou ne va aussi loin que la Northern Onondaga Public Library de Cicero, dans l’État de New-York, qui propose tout un programme en lien avec l’agriculture urbaine. On y partage, en plus, les terrains de la bibliothèque pour cultiver des jardins communautaires!

Certaines bibliothèques de Québec offrent, de leur côté, des podomètres, dans un effort concerté avec les services de santé de la région pour encourager les abonnés à marcher! Une autre bonne idée, qui est poussée à un tout autre niveau par la Millinocket Memorial Library du Maine, qui offre en location (payante) des kayaks, des canots, des vélos de montagne, des skis, des raquettes à neiges et même des sacs à dos de randonnée! Avouez que ce serait intéressant d’avoir accès à ces équipements sur le bord du Canal de Lachine, de la montagne ou des grands parcs de l’île.

Dans une toute autre direction, mais inspirée des podomètres, pourquoi ne pas penser à des prêts de béquilles et de chaises roulantes dans les bibliothèques? Ce serait franchement plus simple pour gérer ces besoins temporaires (qu’on ne souhaite toutefois à personne!).

Il ne manque qu’un pas pour penser aussi à un service de location d’outils, comme le fait La Remise, à Montréal. Tournevis électriques et autres scies sauteuses pourraient très bien venir bonifier l’offre de livres sur la rénovation, déjà nombreux sur les rayons de nos bibliothèques.

Et vous, quels services aimeriez-vous voir apparaître dans votre bibliothèque de quartier?

Bibliothèque de Pierrefond (4)
Bibliothèque de Pierrefonds

Ce que les bibliothèques pourraient nous apprendre

Moins tangibles que les services de prêt, les ateliers et autres cours sont déjà bien présents dans nos bibliothèques. Ainsi, il s’y déroule chaque semaine de véritables programmes de formation continue… Levez la main si vous le saviez! Je parie que vous n’êtes pas si nombreux… Et pourtant.

La Grande bibliothèque donne des ateliers et formations qu’on peut découvrir en suivant son calendrier d’activités. Pour ce qui est des bibliothèques de quartier, c’est souvent plus facile de passer par leur page Facebook. Les arrondissements aussi proposent, sur leur portail web, un calendrier. Il est en haut de la page, dans l’onglet « Activités et loisirs », permettant de trouver la programmation des bibliothèques… Un calendrier commun pour toute la ville? Il me semble que ce serait utile! Surtout que la plupart des Montréalais habitent, travaillent, étudient et fréquentent plus qu’un arrondissement dans leur vie de tous les jours.

Mais bon, en fouillant un peu, on trouve facilement des ateliers sur la science, l’environnement, des propositions de rencontre d’auteur et d’autres cours ludiques ou éducatifs (et ce, autant pour les enfants, les ados, que pour les adultes). Il y a même du tricot sur le Plateau!

Alors que de multiples initiatives du même type que les Centres d’éducation populaire ou l’Université populaire existent à Montréal, il me semble que les bibliothèques pourraient jouer un rôle plus actif dans ce transfert de connaissances entre citoyens. En se dotant d’un calendrier commun pour débuter, en s’associant encore plus avec les organismes du milieu, puis en voyant comment les ateliers et les cours offerts en bibliothèque pourraient contribuer à la formation continue de la population, à travers un programme structuré…

Je verrais donc très bien les bibliothèques jouer un rôle encore plus central dans nos quartiers. Prêts adaptés aux besoins locaux, locations d’équipement, lieux de rassemblement et de formation, meilleure utilisation des terrains: nous sommes loin d’avoir exploré tout le potentiel de ces équipements collectifs!

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