On les croise et les admire sur Sainte-Catherine, sur Saint-Laurent, sur Saint-Hubert, comme sur Ontario, mais peu d’entre nous soupçonnent que les murales qui ornent les murs aveugles de nos rues font partie d’un ensemble tout à fait exceptionnel…

Les premières murales de Montréal ont fait leur apparition dans les années ’70, financées en partie par la Ville, à travers des « projets d’initiative locale ». Il nous reste une seule œuvre de cette époque, la bouche qui expire de la fumée, sur l’avenue du Président-Kennedy dans le Quartier des Spectacles. Les artistes qui l’ont peint n’imaginaient sûrement pas qu’elle resterait dans le paysage urbain si longtemps!

L’arrivée du phénomène des graffitis, à la fin des années ’80, n’est sûrement pas étrangère au refroidissement de l’intérêt de la Ville pour les murales dans la décennie qui a suivi. Mais l’idée de produire de belles oeuvres, accessibles à tous et produites par des talents locaux, elle, est restée bien vivante. En 1996, pour permettre un dialogue entre les artistes du graffiti et les citoyens, l’événement UnderPressure était créé. Mis en place par des jeunes sans grands moyens, l’événement est, 20 ans plus tard, le plus ancien festival de graffitis du monde! Il produit, chaque année, plusieurs murales et fresques au centre-ville, dont celle-ci, en 2017, sur la rue Sainte-Élisabeth:

En parallèle, des artistes et des citoyens ont pris l’initiative de reprendre la production de murales pour embellir durablement leurs quartiers. Ils ont poursuivi, à leur rythme, le développement de nouvelles œuvres un peu partout, et pas seulement au centre-ville cette fois-ci. Dans les années 2000, deux joueurs viennent donner de la vigueur à la multiplication des murales dans les quartiers centraux, soit MU, qui compte plus de 100 murales à son actif et Art du Commun, à qui l’on doit le merveilleux ensemble de murales de la Petite-Bourgogne, qui faisait partie de mes ensembles exceptionnels de murales de 2017.

C’est sans compter la multitude de murales qui sont venues embellir nos ruelles depuis quelques années, dans des programmes de ruelles vertes, soutenues par des organismes communautaires locaux. Seulement dans Rosemont, l’organisme Tandem en a produit des dizaines, dont celle de la ruelle au Sud de Holt, entre la 2e et la 3e avenue, qui mérite vraiment le déplacement. On y voit un portrait d’enfant qui semble tout droit sorti d’un autre monde… Avec de telles murales, ces ruelles confirment leur statut de terrain de jeu idéal pour les enfants.

Les commerçants et les propriétaires de nos quartiers ont aussi été des précurseurs, en soutenant la création de murales depuis de nombreuses années. Celles qui sont apparues sur le côté de la Bouquinerie du Plateau ou du Décarie Hot Dog, dans Saint-Laurent, en sont de beaux exemples. Il y en a de nombreux autres.

Murale sur le Décarie Hot Dog dans l’arrondissement Saint-Laurent

Enfin, depuis quelques années, la Ville est redevenue un acteur de premier plan pour favoriser l’apparition de murales et elle soutient activement la production de nouvelles œuvres. Dans nos ruelles comme sur nos rues, et maintenant aussi sur plusieurs chalets de parc.

Et c’est sans compter les initiatives personnelles de graffeurs ou de propriétaires désireux de mettre de la couleur à leur milieu de vie…

Murale maintenant disparue de K6A, Axe et Monk.e dans Hochelaga-Maisonneuve

Une compétition internationale

Plusieurs villes du monde s’affichent aujourd’hui comme des destinations incontournables pour l’art urbain, en mettant de l’avant leur collection de murales. Plusieurs acteurs de Montréal ont donc décidé, eux aussi, de rechercher cette reconnaissance internationale.

C’est ainsi qu’est né le festival MURAL, qui s’étire chaque année un peu plus sur le boulevard Saint-Laurent. Avec déjà plus de 80 murales à son actif, le festival en sera à sa 6e édition en juin 2018. L’événement, combiné aux autres initiatives ayant lieu à Montréal, a convaincu le géant Google de faire de Montréal la seule ville canadienne présentée sur le répertoire du street art de son Institut culturel, dès 2015. Le répertoire virtuel de Google compte un peu plus de 125 murales d’ici, mais ne semble malheureusement pas être enrichi de nouvelles créations depuis…

Une des oeuvres répertoriées sur le Google Art Project (rue Saint-Dominique, au nord de Duluth)

Heureusement, en 2017, le répertoire sous forme de carte que j’appelais de mes vœux depuis de nombreuses années, est apparu sur le site web Art Public Montréal! On peut y voir et géolocaliser 200 murales, en plus de pouvoir les chercher par année de production… Un travail bien plus intéressant que celui de Google, qui compte de nombreuses erreurs de géolocalisation!

Notre-Dame-de-Grâce, dans le quartier du même nom, est une des oeuvres répertoriées par Art Public Montréal (rue Sherbrooke Ouest, coin Madison)

Cette visibilité sur le web des murales montréalaises éclipse pourtant un élément essentiel de ce qui les différencie de celles des autres villes du monde… Si les murales qui ornent les murs aveugles de nos rues font de Montréal une ville exceptionnelle, c’est en grande partie parce qu’elles sont développées en partenariat avec la population, dans nos quartiers. Plus qu’un outil de promotion international ou touristique, nos murales sont développées pour animer notre quotidien, pour faire partie de notre vie de quartier et embellir nos coins de rue et fonds de ruelles. L’enracinement des murales dans notre voisinage crée une courtepointe de couleurs uniques, créatrices de beauté, accessibles à tous, jusque dans nos arrières cours.

Ruelle verte entre les rues William-David et Bennett, dans Hochelaga-Maisonneuve

Ainsi, Montréal est bel et bien une des plus grandes galeries d’art à ciel ouvert du monde, mais ce que le monde n’a pas encore vu, et qui l’étonnera lorsqu’il le découvrira, c’est qu’ici, les murales sont partout. Au centre-ville comme dans les quartiers résidentiels, sur des commerces comme sur des portes de garage, et surtout, visibles de la rue ou cachées comme des trésors dans nos ruelles. C’est cette caractéristique qui rend notre collection de murales tout à fait exceptionnelle! Bien plus riche que les œuvres actuellement répertoriées sur le site web de Google et celui d’Art Public Montréal, c’est, selon mes calculs, près de 700 murales qui peuvent être admirées en se promenant à Montréal!

Et il s’en ajoutera au moins une cinquantaine cet été!

« Quand je serai grand, je resterai enfant », au coin des rues Sherbrooke Ouest et Décarie

À suivre cet automne, avec mon répertoire 2018 des plus belles murales 😉 Abonnez-vous pour ne pas le rater!

Pour voir mon palmarès des plus belles murales de 2017, cliquez ici

Pour revoir le palmarès de 2016, cliquez ici.

Pour connaître mon classement des murales plus anciennes, visitez ces trois textes fondateurs :

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