L’année qui se termine aura été mauvaise pour les blogues citoyens traitant de Montréal. Alors que j’avais débuté l’année dans la joie d’en découvrir plusieurs, il se sont tour à tour mis en berne. La diversité des opinions que j’y découvre alimente ma propre réflexion sur notre ville, me piste sur de nouveaux sujets, me permet de voir Montréal sous de nouveaux angles. Depuis l’été, toutefois, plusieurs de ces fenêtres ouvertes sur notre ville se sont fermées. On avait pourtant prévue une multiplication des médias avec internet, et la fin de l’ère de l’information de masse… J’ai plutôt l’impression, en regardant les blogues qui traitent de Montréal, que la concentration des médias n’a trouvé, sur internet, qu’un nouveau territoire à conquérir…

Un des premiers blogues sur Montréal que j’ai découvert était Montréalités urbaines. Conçu comme une revue de presse, il me permettait de tout savoir sur ce qui bougeait en ville. Avec des mises à jour pratiquement quotidiennes depuis 2009, c’était un des premiers sites web que je visitais le matin, en ouvrant mon ordinateur. Puis, en avril 2012, ce fut le choc. 2 articles seulement. Mai, même chose. Puis plus de nouvelles avant le mois de septembre, avec un dernier texte (du moins, au moment où j’écris ce texte, en décembre 2012). C’est à partir de ce moment que je me suis dit que maintenir un blogue en vie, bénévolement, était effectivement un défi.

Je me suis donc rabattu sur ProposMontréal, un autre blogue que je visite souvent, pour continuer à croire que le média web citoyen n’était pas sur son déclin. Le 5 décembre dernier, celui-ci annonçait sur twitter qu’il cherchait des blogueurs pour enrichir ProposMontréal… Un premier signe de fatigue? Espérons que non! (Ajout du 28 décembre: effectivement, non: vous pouvez lire le commentaire laissé par Propos Montréal en bas de ce texte…)

Car la famille des blogueurs urbains est petite. De plus en plus petite. Montréal en mouvement, apparu en juillet avec un fracassant 21 articles, s’est calmé en août, en proposant 7 nouvelles brèves, puis n’est revenu qu’en octobre avec 5 parutions. Une étoile filante… Peut-être que son auteur se remettra à écrire bientôt?

De son côté, Plateau milieu de vie a officiellement cessé ses activités en 2012. Un petit blogue de quartier qui avait pourtant eu une belle année 2011, avec une présence hebdomadaire. Dans le quartier voisin, Hochelaga mon amour aura eu une courte vie : de mars à septembre (et un retour en janvier…). Il est triste que de tels blogues, qui nous font découvrir le microclimat d’un quartier, ne soient pas plus nombreux et ne vivent pas plus longtemps…

Il y a un an, j’ai eu peur de perdre un blogue spécialisé que je fréquente régulièrement et qui écrit souvent sur Montréal: Kollectif (sur l’architecture). Son fondateur avait annoncé un retrait temporaire, le temps de combattre un cancer. La vie privée des blogueurs vient en effet souvent remettre en question son travail virtuel et bien peu en parlent publiquement. Dans ce cas-ci, la vie a été plus forte que la maladie semble-t-il, puisque les publications ont repris. Mais cet épisode reflète une des difficultés de durer sur le web.

Heureusement, l’arrivée D’ici et d’ailleurs, en mai dernier, est venu ajouter une nouvelle voix aux auteurs sur Montréal. Ce blogue, qui ressemble à ma catégorie Comparaisons internationales par certains côté, est vraiment intéressant. Souhaitons qu’il reste en ligne encore longtemps.

Il y a donc un certain renouvellement naturel quand même… Pour un Montréal : une ville, un blogue (disparu au moment où mon propre blogue débutait), il y a un nouveau blogueur qui prend le relais… J’aimerais toutefois qu’il y en ait plus! Tous ces regards sont autant de façons de découvrir la ville, de la connaître, de l’aimer. Pour 2013, je nous en souhaite plusieurs nouveaux, pour que la famille s’agrandisse vraiment! Et j’espère que certains disparus retrouveront le goût de jouer du clavier.

Et si on le faisait en groupe?

Même les regroupements de blogueurs ont vécus une année 2012 difficile. Les Justiciers urbains, après deux ans de présence sur le web, ont annoncé qu’ils tiraient leurs révérences le 19 décembre. Ils étaient pourtant plusieurs autour de ce projet et offraient un regard ludique sur l’information montréalaise. C’est triste qu’une si belle initiative n’ait pas pris racine.

Au moins, Rue Masson persiste, grâce à des journalistes professionnels qui aiment couvrir la vie de leur quartier. Mais sans réussir à rentabiliser leur média hyperlocal! Un bénévolat qui menace peut-être la survie à long terme de ce regroupement et décourage d’autres initiatives du genre de voir le jour? Ils offrent pourtant tellement plus à leurs lecteurs que le journal de quartier!

Quand même, Quartier Hochelaga, QH pour les intime, vient de s’ajouter au paysage montréalais du web, à mon grand plaisir! Depuis le début décembre 2012, ils couvrent l’actualité de ce coin de l’Est de Montréal. Souhaitons-leur longue vie sur le web.

Nouveaux développements

Plusieurs blogues institutionnels et blogues de médias établis semblent vouloir prendre la relève des blogues citoyens. Mais en offrant un produit dérivé de l’information (et de l’angle) déjà exprimé ailleurs, ils contribuent peu à la diversité des opinions et à l’information sur notre ville. Il y a bien quelques exceptions, comme Archives de Montréal, Montréal 2025, Quel avenir pour Montréal? (La Presse) et Du haut du mât, nouveau blogue du Parc Olympique, apparu le 11 décembre dernier. Je m’interroge toutefois sur l’effet qu’ils auront sur les blogueurs citoyens, qui n’auront jamais autant de ressources pour produire de l’information. Concurrence ou complémentarité?

Alors moi, dans tout ça?

C’est toi ma Ville, qui est actif depuis bientôt deux ans, survivra-t-il à 2013? Ma passion de l’écriture permet à cette expérience de perdurer. Mais je reconnais qu’il est exigeant de trouver des sujets inédits, de procéder à la recherche, puis de construire un texte pour qu’il vous accroche, vous, lecteurs. C’est un défi qui se renouvelle presque chaque semaine, augmentant du coup son degré de difficulté. Et qui nécessite plusieurs heures de travail… Mais j’essaie de ne pas me mettre de pression inutile, ennemie de toute activité bénévole. Je tente d’écrire pour le plaisir, principalement, et pour la satisfaction de réaliser quelque chose (en fait, je respecte mes trois règles de l’implication, énoncées ici, dans mon texte sur les résolutions pour 2012). Ainsi, je pense pouvoir continuer à vous montrer Montréal comme je la vois : belle, diversifiée, agréable et surprenante, pour encore un certain temps 😉

Bonne année 2013 à vous toutes et tous!