Vous n’êtes pas satisfait du monde dans lequel nous vivons, de notre ville? Vous aimeriez que ça change, mais vous ne voulez pas changer vos habitudes? Rien n’oblige personne à changer son mode de vie pour révolutionner le monde… Il suffit parfois simplement d’un peu de patience et de bonne volonté pour tout chambouler.
Trois principes de base doivent être respectés pour réussir :
- Faites ce que vous pouvez.
- Ne doutez pas trop de l’efficacité de vos petits gestes, car cela mène à l’inaction. Et là, c’est sûr que rien ne changera!
- Faites-le pour être heureux de vous sentir utile, de découvrir…
Ça commence aujourd’hui
Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, dit-on. Alors, probablement comme la plupart des Montréalais, vous débutez votre journée avec un bon café. Conscient de l’importance de votre santé, vous avez, espérons-le, acheté du café biologique. C’est déjà un geste important. Mais vous pouvez faire plus, pour votre santé et pour celle de la famille du cultivateur qui a cueilli pour vous le fruit rouge du caféier. Achetez du café équitable! Une certification qui assure que le producteur reçoit une juste part du prix de vente. C’est un petit geste très facile à poser. Et votre tasse du matin vous coûtera à peine quelques sous de plus que si vous aviez acheté du café conventionnel. Pour le plaisir de votre langue, vous pouvez sucrer votre café avec du sucre équitable ou avec du miel biologique québécois ou mieux, du miel de Montréal…
Évidemment, pour accompagner ce petit rituel matinal, vous vous êtes abonné à un journal ou à une revue. Le Devoir est évidemment votre premier choix du côté des quotidiens puisqu’il est le seul qui ne soit pas contrôlé par une multinationale. Il est donc indépendant et peut vous informer objectivement sur ce qui se passe dans la cour des grandes entreprises.
Quand vous aurez fini de lire votre journal (question de vous assurer que le monde va toujours aussi mal ;), n’oubliez pas de le mettre au recyclage! Le bac vert sauve la vie de bien des arbres, en plus de permettre la réutilisation des métaux et des plastiques qui se perdent sinon dans les dépotoirs. Vous le savez déjà? C’est sûr! Pourtant, le recyclage stagne à Montréal… Nous pouvons donc faire encore un petit effort.
La journée à peine commencée, vous aurez déjà posé un certain nombre de gestes -ou été mis en contact avec un certain nombre d’idées- qui vous permettront de contribuer à ce que le monde change. Commerce équitable, achat local, agriculture biologique, information indépendante et recyclage, voilà déjà cinq domaines où vous aurez contribué, de façon simple, à ce que le monde évolue! Et la nouvelle année débutera mieux que la précédente!
Partir du bon pied
L’expression consacrée pour ce qui vient ensuite est Métro Boulot Dodo. Avez-vous déjà remarqué qu’on ne dit pas Auto Boulot Dodo? C’est peut-être justement pour signifier que pour que le monde reste en santé, il faudrait éviter de prendre sa voiture aussi souvent que possible. Il y a plusieurs façons de se transporter autrement, surtout pour les gens qui habitent une grande ville. C’est parfois très simple: prendre le Bixi les beaux jours d’été, utiliser les stationnements incitatifs des services de transport en commun, faire du covoiturage avec un ami… Les gaz à effet de serre proviennent en grande partie du transport motorisé. Pensez-y. Sans parler des 50 000 accidentés de la route par année, au Québec seulement.
Si vous devez absolument l’utiliser, au moins, coupez le contact lorsque votre voiture reste immobile quelques minutes. Vous économiserez de l’essence et poserez au moins un geste. Peu significatif? Vous oubliez le principe numéro 2 énoncé au début de ce texte! Les trois minutes où votre auto ne fonctionnera pas ne changeront peut-être pas grand-chose en elles-mêmes. Mais répétées sur toute une vie, c’est une quantité appréciable d’essence qui ne se sera pas volatilisée inutilement. Multipliez maintenant ce geste par le nombre de ceux qui le poseront aussi et il devient tout à coup impressionnant.
Et justement, parlant d’impression, si vous voulez avoir accès à une voiture et être un « urbain » accompli, voici la solution : à Montréal, Québec, Sherbrooke ou Gatineau, vous pouvez avoir accès à des centaines de voitures grâce à Commun’auto. Avec un tel service, l’auto que vous utilisez de jour, par exemple, peut être utilisée par quelqu’un d’autre le soir. Ainsi, elle n’accapare pas inutilement une place de stationnement quand vous ne l’utilisez pas et vous évite la tentation d’être assez paresseux pour aller au dépanneur du coin en voiture.
La journée continue
Vous êtes maintenant arrivé au boulot (ou le ferez au début janvier…). Mais vous êtes au travail pour faire quoi? Normalement pour gagner votre vie, comme on dit, et assurer votre retraite. Pour ce faire, vous possédez sûrement un REER. Avez-vous déjà réfléchi à ce que cela veut dire? Par vos demandes de rendements, qui vous assureront des revenus à la retraite, vous participez à la bourse. Indirectement, donc, lorsque vous entendez qu’une entreprise a fait des mises à pied, nommées plus poliment restructurations, pour offrir un meilleur rendement aux actionnaires, c’est à vous qu’on parle. C’est à vous qu’on dit « puisque tu veux plus de rendement, nous mettons à la porte certains employés ».
Pour éviter une telle responsabilité, il suffit de s’assurer que son REER soit géré par un fond de solidarité de travailleurs ou par des investissements éthiques. Il existe plusieurs fonds de placement éthique au Québec. Avec ces fonds, votre argent est investi selon des critères de rentabilité, certes, mais aussi de responsabilité sociale et environnementale. Placer son argent dans de tels fonds vous permet de faire évoluer le système économique actuel sans faire aucun effort. Évidemment, ces fonds ne règlent pas tous les problèmes, mais ils contribuent au changement.
Retour à la réalité du train-train quotidien: après le travail, vous allez faire quelques achats. Vous pensez passer par un magasin à grande surface? Faites donc plutôt un détour en faveur des marchands de votre voisinage. Penser globalement, agir localement! En encourageant les petits commerçants, vous améliorez votre quartier. Et vous découvrez une nouvelle façon de magasiner. Rien n’est plus agréable que d’aller acheter son pain dans une boulangerie où la personne au comptoir connaît vos goûts et demande de vos nouvelles. Multipliez l’expérience avec un fromager, un charcutier et vous redécouvrirez tout le plaisir qu’il y a à faire ses emplettes. Il y a une foule d’artères commerciales locales à Montréal, découvrez celle de votre voisinage!
Acheter localement, c’est aussi vérifier la provenance de ce que vous mettez dans votre panier. Vêtement, nourriture ou petit voyage, si chaque famille québécoise remplaçait hebdomadairement 20$ de ses achats de produits étrangers par des achats de produits québécois, on estime que ce serait 100 000 emplois directs qui seraient créés. Un impact non négligeable! Il y a des domaines où l’achat local est plus difficile, mais en général, une foule de choix, et de découvertes, s’offrent à vous.
Et si vous payez avec une carte de crédit, pensez donc à la changer pour une carte Visa affinité. Offertes par Desjardins, le principe de ces cartes est simple. Visa remet un pourcentage (infime il va sans dire) de vos achats à la cause pour laquelle vous détenez une carte. Actuellement, au moins quatre organismes connus ont leur carte Visa affinité: Amnistie Internationale, Oxfam, la Fondation de la Faune du Québec et la Fondation Québécoise en Environnement.
Entre 3 et 7$ par détenteur de carte et par année sont remis aux organismes associés à Visa. Ça vous paraît peu? Il faut aussi savoir que ces organismes font un retrait automatique annuel sur votre carte de crédit de l’ordre de 20$ (ou moins, selon les cas). Ce sont, d’une certaine façon, des « frais d’administration »… En bout de ligne, ce sont ces frais qui permettent aux organismes d’aller chercher des revenus intéressants, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Et ne vous en faites pas pour le 20$, il vous donne droit à un reçu de charité, déductible d’impôt.
En septembre 2011, j’ai publié un texte sur les dons de charité. En cette fin d’année, il pourrait lui aussi vous inspirer une résolution…
Pour une belle soirée
C’est l’heure du retour à la maison. Après un souper copieux, évidemment agrémenté de quelques aliments provenant de notre terroir, de vin provenant d’un des nombreux vignobles d’ici ou d’une bière brassée à Montréal, vous passez au salon.
Avez-vous déjà pensé avoir des œuvres d’art à la maison? C’est pourtant possible et assez simple. L’Artothèque est un concept connu en Europe, beaucoup moins en Amérique du Nord. Pourtant, il démocratise les oeuvres, permet d’améliorer notre qualité de vie et de développer notre goût pour la culture. L’Artothèque de Montréal compte plus de 5000 œuvres, qui vous attendent, prêtes à vous être louées pour une bouchée de pain!
Et pour les soirées où vous ressentez le besoin de sortir, pourquoi ne pas soutenir le travail artistique et la production culturelle d’ici. Danse, théâtre, musées, galeries, cinéma, le Québec foisonne de talents qui n’attendent qu’à être découvert. Une fois de temps en temps, il est bon d’encourager un artiste d’ici. Le blogue Accès Culture peut vous être utile pour préparer vos sorties
Car à chaque dépense que vous faites, vous agissez sur le monde qui vous entoure. De plus en plus de consommateurs comprennent que s’ils ne votent que tous les quatre ans, ils achètent tous les jours. Et chaque achat est un vote, soit pour le système actuel, soit pour une alternative.
Vous voulez changer le monde? Maintenant vous le pouvez! Ce texte comprend de nombreuses propositions d’actions, il y en a quantité d’autres. C’est à vous de découvrir celles qui vous conviennent. Évidemment, personne ne peut tout faire en même temps, alors référez-vous aux trois principes du début de ce texte: faites ce que vous pouvez, agissez sans trop douter et faites-le pour vous avant tout.
Et bonne année! 😉
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Ce texte est une adaptation d’un article que j’ai écris pour le magazine Guide Ressources, il y a 10 ans déjà…